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Je cherchais depuis pas mal de temps cette chaîne Philips, composée de l'amplificateur AG9018, du tuner A6X38AT, et du tourne-disques AG2230 pour deux raisons :  la première est que nous avions cette chaîne à la maison dans les années 60', la seconde est que ces appareils furent une "charnière" dans la production Philips : l'ampli est le dernier ampli Hi-Fi à tubes, et le tuner, le premier "all transistor" fabriqués par la marque.  Quant au tourne-disques il fut leur premier vrai P.U. haute-fidélité, comme en témoigne sa grande qualité de fabrication.

Ces appareils étaient construits avec des composants de bonne qualité, en tous cas bien meilleurs apparemment qu'actuellement...  :

L'amplificateur, équipé de 11 tubes (4 x EL86 en sortie - dérivés du fameux EL84), donne une belle impression de robustesse, et est d'une esthétique flatteuse (n'oublions pas qu'on est en 1964). 

Pas de gadgets, que le nécéssaire : deux groupes de sélecteurs, PU - tape - tuner, mono-stéréo, les contrôles de tonalité classiques, les contrôles de volume et de balance, et enfin l'interrupteur Power" et son beau voyant vert.  Il a la particularité de posséder deux groupes de sorties HP, soit 8 ou 16 ohms sélectionnables par un pontage à l'intérieur de l'appareil, soit 800 ohms (sortie directe sans transfo de sortie), adaptés pour les baffles AD5055 qui faisaient partie de la chaîne. La puissance de 2 x 15 watts (800 ohms) ou 2 x 10 watts/réels 12 watts/musique (8ohms) est suffisante avec des baffles d'un rendement de 90 dB/1W/1M.

 

Le tuner au look rétro a certaines particularités bien intéressantes : bande FM de 88 à 108 MHz, MW, LW et 4 gammes d'ondes courtes !  On arrivait même à capter les signaux radiophares (balises de sécurité pour informer les bateaux).  La partie FM est fort sensible, et le décodage stéreo aisé.  Un système à embrayage mécanique sélectionne l'une ou l'autre des aiguilles suivant que l'on se trouve en AM ou en FM.

 

Le tourne-disque, mis au point à la même époque se devait de compléter idéalement ce bel ensemble. L'aspect général respire la qualité, est dôté d'un entraînement spécial (toutefois sans réglage fin de la vitesse) et est en accord avec le look de l'ampli et du tuner, en arborant les mêmes matériaux et teintes, le teck, l'aluminium brossé et la laque grise.

 

L'amplificateur AG9018 :

 

Il provient de France; trouvé par petite annonce, c'est toujours un peu le quitte ou double : on voit un appareil sur une photo mais on ne sait pas ce qu'on va reçevoir !

Mais ici, pas de déception, l'appareil est arrivé bien emballé, en un seul morceau, le voici tel quel (c'est la photo de l'annonce) :

Aussitôt reçu, aussitôt démonté pour le tester, et là, surprise : aucune trace de réparation antérieure, aucun composant à l'apparence douteuse, les mesures rejoignent les caractéristiques de l'époque, la puissance est bien là, le bruit de fond très faible, aucune trace de ronflement notoire !!! Seul le boitier bois, l'aspect des grilles, et la poussière intérieure trahit son âge avancé.  Pas mal pour un appareil de 49 printemps, les constructeurs actuels feraient bien d'en prendre de la graine !!! mais à l'époque le pur profit était secondaire.  On ne mettait pas de résistances 1/8 ème de watt, la plupart des condensateurs non-polarisés étaient du type "moutarde".

C'est donc parti pour un nettoyage en profondeur, direction la "sdb" : dégraissage et dépoussiérage.

Il n'est pas très sale, malgré toutes les années :

Toutes les pièces pouvant être démontées le sont, pour un un nettoyage ou une désoxydation, ou encore une remise en peinture :

Je repeins au pistolet avec un beau gris de ma composition, présentant mieux que le triste gris - moyen - kaki original, puis séchage à bonne température :

Le tissu recouvrant la grille frontale tombant en lambeaux, je le remplace par un morceau de moustiquaire : il permettra une meilleure aération que d'origine.  Un petit polissage des blindages des tubes préampli et de la plaque alu s'impose :

Le voici tout beau tout propre, en cours de remontage, dessus et dessous :

Je nettoie et recolle le sigle à la bonne place :

Le boitier en véritable bois plaqué teck est soigneusement poncé au 400 :

Après un revernissage dans une teinte un peu plus chaude que l'origine (Philips avait à l'époque des teintes de boiseries assez ternes), remontage complet après avoir toutefois remplacé les tubes de sortie par des Sylvania Black Plate, qui donnent plus de richesse sonore, et voilà c'est reparti, je l'espère, pour encore près d'un demi siècle !

Le Tuner A6X38AT :

 

Trouvé également par le biais d'une p.a. de 2èmemain.be, il présentait beaucoup moins bien...

Sans doute a t'il séjourné dans un grenier, ou pire, une cave..  Le coffret en bois est fort abimé, et présente un enfoncement sur le dessus.  Le placage est à réparer à cet endroit, heureusement, l'ampli transistorisé défect qui fait partie de la vente va donner le morceau pour effectuer une greffe !

Lors de l'essai de fonctionnement, je constate que la réception FM est quasi nulle, on ne capte plus qu'une ou deux stations, et évidemment, la stéréo ne fonctionne plus pour cause de manque de signal.

Je commence par vérifier la cage FM,

C'est bien là que se situe la panne, le transistor germanium AF102 a rendu l'âme. Introuvable, je le remplace avantageusement par un AF239 plus courant à la bande passante plus élevée, et voilà la sensibilité d'origine retrouvée, comme quoi une petite cause produit parfois de grands effets.  Ensuite, un petit réalignement, et il capte parfaitement  toutes les stations mono et stereo à sa portée !

L'intérieur est très propre et n'a pas de traces de rouille, je dois juste bien dépoussiérer :

Je remplace les papiers filtres diffuseurs de lumière du cadran et des ampoules de sélection des gammes d'ondes.  Ensuite, je nettoie et polis les boutons de commande :

Je répare le mécanisme d'embrayage qui sélectionne les aiguilles des bandes FM et AM; ce n'est pas facile car l'accès est assez étroit :

Je remplace le cordon secteur qui était abîmé et avait été réparé au scotch :

J'adapte une d'une prise de sortie Din à l'arrière. Pratique, le chassis possède déjà l'emplacement pour l'installation d'une DIN, contrairement au panneau de fermeture arrière, qu'il faut donc percer au bon endroit .  Cet ajout est nécéssaire, car les prises Philips de l'époque sont tout à fait spéciales et carrément introuvables.

J'en possède quelques unes que je garde précieusement !

Les réparations électroniques sont terminées, et je dois maintenant réparer le coffret bois qui présente de nombreux défauts.  Vous pouvez consulter cette remise en état dans la section Restauration Wood Cases de ce sîte.

Une fois ce travail terminé, je remonte le tout, et le voici, magnifique !

Le Tourne-disques AG2230

 

J'ai eu la chance, lors de l'achat d'un autre AG9018, de tomber sur le rare tourne-disque qui faisait partie de cette belle chaîne Philips à l'époque.  L'état général était assez bon; j'ai dû restaurer la boiserie, par les mêmes procédés que ceux employés pour les autres éléments de la chaîne, et effectuer un polissage du plexi.

Mécaniquement parlant, à part le remplacement d'un ressort, de la courroie, de la pointe de lecture et du cable BF, l'appareil était en ordre.

 

Ce tourne-disque, fleuron de la gamme dans les 60', est extrêmement bien construit.  Le chassis en acier, très imposant et bien suspendu porte un gros moteur synchrone et un double plateau massif.  La transmission est particulière : est-ce un entraînement par galet ? Oui.  Est-ce un entrainement par courroie ? Oui ! De fait, Philips utilise les deux technologies de l'époque, le galet pour effectuer le changement de vitesse (16 -33 - 45 - 78 trs) et la courroie pour l'élimination du rumble (bruits du moteur).  Un détail dont j'ignore l'utulité, derrière, à droite du chassis, on trouve un levier à deux positions, qui permet la levée du bras en fin de disque (pourquoi un débrayage de cette fonction ?). Le plexi lui-même est très épais et pesant.  La cellule est spéciale, fabriquée pour ce tourne-disque, donc non standard; heureusement les aiguilles sont toujours produites.

 

Pour préserver le plateau de caoutchouc gris, craquelé par le temps, j'ai placé un plateau de caoutchouc provenant d'un tourne-disque Philips de 1973.

 

Voici quelques publicités d'époque :

Restauration chaîne Philips 1964

Restauration chaîne Philips 1964

Voici maintenant le compte-rendu d'un essai effectué par un de mes bons clients et ami, pour lequel j'ai restauré un Philips AG9018 :

Le Vendredi 1 novembre 2013 19h52, Michel *** <***@gmail.com> a écrit :

 

Bonsoir mon ami
 

Je viens de faire un essai fort intéressant. J'ai branché chez moi un Harman Kardon citation 2 à tubes, une référence dans le genre, ca se vend entre 1500 et 2000 euros aujourd'hui , c'est très recherché, une bombe cet ampli ! ultra rare .. bref, j'ai réussi à en trouver un chez un ami et je l'ai essayé chez moi, et je l'ai comparé au petit Philips. Mon pote qui était là trouvait que l'Harman Kardon était plus "fin" dans l'aigü.. moi je n'entendais pas de différence, mais en revanche si je monte un peu les aigus sur le réglage aigu du Philips il n'y a plus de différence du tout ! J'ai remarqué aussi que son ampli Harman Kardon ne donne pas de grave, c'est tout dans le médium aigu, en bas, .. pas grand chose dans le grave.  Sur mon système en bi-amplification quand je mets le citation 2 et le Philips sur la partie haute - bas médium, medium aigu, le philips est plus rond et descend plus dans le bas medium que le citation 2 .
Bref, le citation 2 ne présente à mes yeux aucun intérêt, et à choisir entre les deux, toutes considérations de prix et de marque mises à part, je garde le Philips et je rends le Citation 2.
Il faut vraiment que tu fasses le comparatif avec ton ampli de rêve le 8B et le PHilips, tu risques de voir un rêve s'évanouir et du coup tu feras une bel économie si par hasard tu persistais dans l'idée d'acquérir un 8B.
Je te parle avec ma tête et mes 2 oreilles, ce ne sont pas des appareils de mesure, mais je refuse de sombrer dans le snobisme audiophile, ce petit intégré Philips, c'est de la bombe et un grand merci à toi de m'avoir ouvert les yeux et les oreilles sur un appareil de cette qualité.
je te souhaite un bon week end

A toratte m'biau

Michel 

Salut Philippe


J'ai continué mes essais.. avec l'ampli a tube c'est vraiment très beau, doux, j'aime beaucoup ... puis j'ai quand même changé pour le gros AMCRON Studio ref, et dans ce sens la différence m'est alors parue évidente. C'est beaucoup mieux, plus clair, ultra dynamique,  Le medium aigu et ciselé sans être agressif, et une dynamique à couper le souffle.
Ce qui est marrant c'est qu'en changeant de mieux à moins bien, la différence n'est pas évidente à saisir, on va dire le son est différent, plus rond, plus doux, très agréable, mais quand on va dans l'autre sens , et qu'on monte vers le haut en qualité, là, la différence saute aux oreilles, c'est plus précis, plus d'impact, de la dynamique à revendre, c'est génial.
Je ne vais pas mettre le tube à la poubelle, ca reste un super ampli, au rapport qualité prix hallucinant, mais ca confirme encore une fois mon opinion sur la différence Tube et transistors. Souviens toi, j'ai eu un super Mesa Boogie à tubes, j'ai mis deux ans à hésiter et finalement je l'ai revendu car je trouvais objectivement le son du transistor plus à mon oreille que le son tube.

J'ai fait un autre essai intéressant , j'ai mis à la place de l'ampli à tube un gros ampli NAD qui a été prix EISA il y a quelques années, comme le meilleur ampli dans sa gamme. C'est un ampli de 1*125 Watts sous 8 0hms qui est vraiment excellent.
résultat : le petit Philips lui met une bonne claque, c'est mieux que le NAD mais moins bien que le gros Amcron.

ATTENTION !! je précise que les essais n'ont porté que sur une certaine plage de fréquences, c'est à dire bas medium, medium aigu.
Peut être que si ont refaisait le test en full large bande le NAD serait peut être plus complet car tapant plus fort dans le grave ??? moi je me suis contenté de la partie medium puisque je suis en bi-amplification.

Voilà les dernières niouzes

Amitié

Michel

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